Les pierriers sans paroi (à gauche, Montgommeries) seraient plus évolués que les pierriers avec paroi (à droite, Mortainais)
Pendant juin et juillet, une étude a été menée afin de mieux comprendre les pierriers du Parc : comment sont-ils arrivés là ? Pourquoi présentent-ils des aspects et des formes différentes ? Comment l’expliquer ? Nous vous proposons de découvrir les constats et hypothèses sur lesquels elle a débouché.
Inventaire des pierriers : quelques résultats
Pour réaliser cette étude, plusieurs pierriers du Parc ont fait l’objet d’un inventaire : Butte Chaumont, Gorges de Villiers, Montgommeries, Mortainais, Livaie, Bagnoles, Fosse Arthour, Alpes mancelles, Sommières aux étangs en Écouves, Mont en Gérome en Andaines... Il s’agissait d’identifier les principales caractéristiques de ces éboulis en décrivant et en mesurant les blocs constituants les pierriers mais aussi des parois.
Ce premier travail a permis de remarquer des tendances différentes selon que les pierriers soient avec ou sans paroi. Les résultats granulométriques (mesures des roches) ont permis d’émettre l’hypothèse que les pierriers sans paroi sont composés de cailloux plus petits (entre 10 et 50 cm de plus grande longueur) alors que les pierriers avec paroi sont plus grands (plus de 50cm).
La mise en place des pierriers : 4 grandes étapes
Et si la paroi des pierriers disparaissait avec le temps ? Les Gorges de Villiers, la Vallée de Misère ou
encore les pierriers de Montgommeries n’ont pas de paroi : cela
indiquerait que ces pierriers sont plus
« évolués » que d'autres.
Les études ont permis d’émettre l’hypothèse que l’évolution de la forme et de la taille des pierriers est directement liée aux dynamiques de la paroi. Plusieurs phénomènes et constats ont été mis en relation : un pierrier à paroi présente des blocs de plus grosse taille qu’un pierrier sans paroi. Cette dernière évolue avec le temps (sa hauteur diminue et la taille des fractures augmentent, d’où la présence de blocs de petite taille).
À chaque étape, les blocs de pierriers peuvent suivre des mouvements
différents : ils se brisent, se détachent, glissent…
Voici ces 4 étapes avec, pour chacune d’elle, un exemple de
transformation :
1. « Les parois vives »
Exemple : des éboulis (Fosse Arthour)
2. Les « parois en déliquescence »
Exemple : les pierres forment un gradin ou des marches (Gorges de
Villiers)
3. Les « Parois en déliquescence avancée »
Exemple : on constate une forme en dent de scie (Livaie ou butte Chaumont)
4. Les « parois inexistantes »
Exemple : Gorges de Villiers, Vallée de Misère ou Montgommeries
Mais aussi, autour de l'étude...
L’objet de cette étude n’est pas de questionner l’activité des pierriers, c’est-à-dire de chercher à savoir s’ils sont amenés à se transformer et dans quel laps de temps.
Elle a cependant permis de remarquer que la surface des pierriers sur les massifs de Grès armoricain est plus importante que ce qu’ils laissent apparaître : en effet, ils se poursuivent souvent sous la forêt. C’est le cas en forêt d’Andaines ou d’Ecouves.
Les processus de mise en place des pierriers du Parc peuvent s’assimiler à ce qui se passe sous de plus hautes latitudes, et à des altitudes un peu plus élevées où les pierriers sont actifs. C’est le cas par exemple en Irlande du Nord, dans le Donegal, où des formes s’apparentent à ce que l’on peut observer dans les Gorges de Villiers.