Le Parc et Géoparc Normandie-Maine a réalisé un travail de modélisation à échelle fine des scénarios du GIEC en partenariat avec l’Université de Caen Normandie. Il permet de visualiser de façon concrète, à travers les différents scénarios, les trajectoires probables du changement climatique sur notre territoire et d’ouvrir les discussions sur les solutions à imaginer ensemble.
Des indicateurs d’ores et déjà dans le rouge
Plus un jour ne se passe sans que nous n’entendions parler du changement climatique et de ses conséquences déjà visibles, y compris sur notre territoire… Et celles-ci ne feront que s’amplifier dans les années à venir. Il est urgent de prendre en compte ces conséquences et d’œuvrer dès aujourd’hui à créer de nouveaux équilibres pour le territoire et l’ensemble des êtres vivants qu’il abrite.
Indicateurs d’évolution – scénario pessimiste RCP 8.5 - Horizon 2070 par rapport à la période de référence 1976 - 2005
+ 2,15 °C de moyenne de température annuelle
+ 20 jours d'été par an - température maximale supérieure à 25 °C
+1,5 jours de fortes chaleurs par an - Température maximale supérieure à 35 °C
+ 4 nuits tropicales par an - Nuit où la température moyenne ne descend pas en dessous de 20 °C
+ 23 jours de vagues de chaleur par an - Nombre de jours où la température maximale quotidienne est supérieure à +5 degrés par rapport à la température maximale quotidienne de la période de référence pendant plus de 5 jours consécutifs
Ne pas confondre météo et climat
Il n’est pas rare d’entendre : « Avec 2 degrés en plus, on aura juste un peu plus chaud ».
La météorologie est l’étude des phénomènes atmosphériques pour prévoir le temps qu’il fait à un moment et à un endroit donné. La climatologie étudie à des échelles de temps et d’espace beaucoup plus conséquentes les caractéristiques qui définissent le climat. Concrètement, si la météo prévoit une baisse de 5°C dans une journée, ce n’est pas dramatique. Alors qu’une baisse de 5°C de température moyenne du climat signifierait que nous revenions à l’ère glaciaire d’il y a 20 000 ans (la France ressemblait au nord sibérien actuel).
Une modélisation à échelle fine des données du GIEC
En 2022, le Parc et Géoparc a initié, sur la base des données du GIEC, une modélisation à échelle fine du changement climatique sur son territoire. Ce travail a été mené en partenariat avec Olivier Cantat, géographe-climatologue, enseignant-chercheur à l'Université de Caen Normandie et membre du GIEC Normand.
Cette première modélisation a permis de spatialiser l’évolution des températures et des précipitations à partir des données Météo France du portail DRIAS. La période de référence (1976-2005) ainsi que les périodes 2021-2050 et 2051-2070 ont été modélisées selon deux scénarios établis par le GIEC :
- Un intermédiaire de stabilisation des émissions de Gaz à effet de serre (dit RCP 4.5).
- Un scénario de maintien de l'accroissement des émissions de GES au rythme actuel (dit RCP 8.5).
En 2023, cette modélisation a été étendue aux périmètres des intercommunalités du territoire et améliorée en prenant en compte l’altitude et l’exposition.
Une carte interactive pour appréhender les évolutions du territoire
Une carte interactive, basée sur cette modélisation, permet de consulter, pour chaque commune et intercommunalité du Parc et Géoparc (sauf la Communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel-Normandie), les températures et précipitations pour la période de référence (1976-2005) et pour les deux scénarios de la période 2051-2070. Des chiffres clefs, des indicateurs et un tableau de comparaison des données sont également consultables sur cette interface afin de rendre les données modélisées plus concrètes.
Une aide à la décision pour les intercommunalités du territoire
Grâce à cette expérimentation, le Parc et Géoparc dispose désormais de nombreuses données modélisées à l’échelle du territoire et des intercommunalités qui le recoupent. Afin de favoriser la prise en compte de ces données dans leurs projets d’aménagements, un livrable personnalisé leur a été adressé. Ils sont tous consultables sur le site web.
Un travail de recherche à poursuivre et à partager
En parallèle, le Parc et Géoparc va poursuivre son travail en lien avec la recherche en mettant en place des stations météo en divers lieu du territoire afin de confronter les résultats du modèle avec des relevés réels.
Le process de modélisation ayant été développé sur logiciels libres, une publication va être réalisée afin que d’autres structures puissent l’utiliser pour leur territoire. En amont, une expérimentation va être menée en 2024 avec les 3 autres Parcs naturels régionaux normands pour tester la reproduction du modèle sur leurs territoires.